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René Lavoie & Anne Godin

Découvrez l’histoire de René Lavoie, originaire de Rouen, et d’Anne Godin, née à La Rochelle, qui ont chacun émigré en Nouvelle-France au XVIIᵉ siècle avant de s’y rencontrer et de s’établir sur la côte de Beaupré. Leur parcours, marqué par la foi, les défis et les miracles, témoigne du vécu des familles huguenotes dans la colonie.

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René Lavoie & Anne Godin

Le parcours d’un couple huguenot en Nouvelle-France

 

René Lavoie (ou Delavoye), fils de René Delavoye et d’Isabeau Bellenger, est baptisé le 28 novembre 1628 dans la paroisse de Saint-Maclou à Rouen, en Normandie, France. Son parrain est Pierre Hedon et sa marraine, Marie Caillaulx. [Le nom de famille de sa mère apparaît également sous les formes Bélanger et Béranger.]

Baptême de René Lavoie en 1628 (Archives de la Seine-Maritime)

Localisation de Rouen en France (Mapcarta)

Rouen en 1660 (« Roan » en néerlandais), gravure de Hendrick Focken (Bibliothèque nationale de France)


Église Saint-Maclou à Rouen, carte postale non datée (Geneanet)

L’église Saint-Maclou de Rouen, où René est baptisé, est un exemple emblématique de l’architecture gothique flamboyante. Construite entre 1437 et 1517, elle est située dans le centre historique de la ville et se distingue par sa façade richement ornée. Endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a été soigneusement restaurée. Aujourd’hui, elle demeure un repère architectural et historique majeur, témoin du patrimoine médiéval et religieux de Rouen.

Rouen, qui compte aujourd’hui environ 114 000 habitants, est située dans le département de la Seine-Maritime, à 120 kilomètres au nord-ouest de Paris et à 50 kilomètres au sud de Dieppe.

La date exacte de l’arrivée de René en Nouvelle-France est inconnue. Cependant, son mariage en avril 1656, avant le début de la navigation saisonnière, indique qu’il était déjà au Canada en 1655.


Anne Godin (ou Gaudin), fille d’Élie Godin et de Marie Esther Ramage, est baptisée le 18 octobre 1639 dans le temple calviniste de La Villeneuve, à La Rochelle, en Aunis. Son parrain est Jean Alamand et sa marraine, Anne Letan. Seul le parrain signe l’acte de baptême.

Baptême d’Anne Godin en 1639 (Archives départementales de la Charente-Maritime)

 

Temple de la Villeneuve

Le temple de la Villeneuve à La Rochelle était l’un des lieux de culte protestants desservant l’importante population huguenote de la ville au XVIIe siècle. Situé à l’extérieur des remparts médiévaux, il a été construit pour répondre aux besoins d’une communauté en pleine expansion, à une époque où La Rochelle était un bastion huguenot. Comme d’autres temples calvinistes, il était probablement conçu de manière simple et fonctionnelle, en accord avec les principes réformés rejetant toute ornementation élaborée.

Après la chute de La Rochelle en 1628, lorsque la ville s’est rendue à Louis XIII après un long siège, de nombreux temples protestants ont été fermés ou convertis en églises catholiques. Le temple de la Villeneuve a finalement été démantelé après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, qui interdisait le protestantisme en France.


Localisation de La Rochelle en France (Mapcarta)

La Rochelle est une ville portuaire historique située dans le département de la Charente-Maritime. Aujourd’hui, avec une population d’environ 78 000 habitants, elle demeure un centre maritime important. Au XVIIe siècle, elle était une plaque tournante du commerce, de l’exploration et de l’émigration, jouant un rôle clé dans l’expansion de la France vers le Nouveau Monde. En tant que principal point de départ des colons, La Rochelle a contribué de manière déterminante à la colonisation de la Nouvelle-France. De nombreux soldats, artisans, cultivateurs et Filles du roi ont embarqué depuis son port pour traverser l’Atlantique. Malgré la persécution de sa population huguenote après le siège de 1627-1628 et la révocation de l’édit de Nantes en 1685, la ville est restée un centre stratégique des ambitions coloniales françaises.  

Une vue contemporaine de La Rochelle (© La Généalogiste franco-canadienne)


Un nouveau départ en Nouvelle-France

La famille Godin quitte La Rochelle pour le Canada vers 1654, alors qu’Anne a une quinzaine d’années. Ils s’installent sur la côte de Beaupré. 

René Lavoie et Anne Godin se marient le 14 avril 1656 à la paroisse Notre-Dame de Québec. René a alors 27 ans et Anne, 16 ans. Les parents d’Anne assistent à la cérémonie. L’acte de mariage précise : dispense ayant esté donnée de publicaon de banes et de toute autre Ceremonie pour bonnes et Justes raisons.

Mariage de René Lavoie et Anne Godin en 1656 (Généalogie Québec)

Bien que les détails de la dispense restent inconnus, la mention figurant dans l’acte de mariage était très probablement liée à la religion. Bien que René ait été baptisé catholique, il semble qu’il soit devenu huguenot. Le 3 avril 1657, un an après son mariage, le père Jean de Quen note dans le Journal des Jésuites que René a abjuré sa foi protestante :

 

« Je fis faire abjuration d’heresie en ma chambre en presence de Jobin & Pierre du Val et du P. Chastelain selon la formule du concile de Trente, à un garçon appartenant au dit Jobin, appellé René Voie »

 

Grâce à cette note, nous savons également qu’en 1657, René travaillait pour Jean Jobin.

Quelques mois après son mariage, le 18 août 1656, René obtient de Louis d’Ailleboust, seigneur de Coullonges et d’Argentenay, un bail de trois ans au nom de Marguerite Rosée, veuve de Pierre Gagné. Ce bail concerne une terre sur la côte de Beaupré, d’une superficie de trois arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent, incluant une cabane et une ferme destinée à la moisson de grains. En contrepartie, René s’engage à verser trois poinçons et demi de blé la première année. Pour les deux années suivantes, il devra un poinçon et demi de blé, un poinçon de pois et trois livres. [Le terme poinçon désignait une ancienne mesure de capacité pour les liquides et les solides. Certains chercheurs estiment qu’un poinçon équivalait à environ 40 gallons canadiens.] Aujourd’hui, cette terre se situerait dans les limites de Sainte-Anne-de-Beaupré. [L’acte original du notaire Audouart n’existe plus.]

René et Anne s’installent sur la côte de Beaupré, où ils auront au moins huit enfants :

  1. René (ca. 1657–1731)

  2. Jean François (ca. 1661–?)

  3. Anne (1664–1686)

  4. Pierre (1666–1736)

  5. Jacques (1669–1752)

  6. Marie Madeleine (1672–1743)

  7. Marie Brigitte (1675–1748)

  8. Joseph (1678–?)

Concession de terre à René Lavoie en 1665 (FamilySearch)

Le 7 octobre 1665, René reçoit officiellement les trois arpents de terre qu’il avait auparavant loués en concession du coseigneur Charles Aubert de Lachesnay. L’acte, rédigé par le notaire Michel Fillion, indique que René habite cette terre dans la seigneurie de Beaupré depuis environ huit ans. Aux termes de la concession, René s’engage à payer à son seigneur une rente annuelle de 20 sols par arpent de front et deux chapons vifs, plus trois sols de cens. Il s’engage également à faire moudre son grain exclusivement au moulin banal de la seigneurie.


 

La miraculeuse Sainte-Anne-de-Beaupré

Depuis sa fondation, l’église Sainte-Anne-de-Beaupré, aujourd’hui basilique, est synonyme de miracles. Cet héritage remonte à 1658, alors qu’un groupe d’immigrants bretons fait face à une violente tempête sur le fleuve Saint-Laurent. Dans leur désespoir, ils implorent la protection de Sainte-Anne, vénérée en Bretagne comme la grand-mère de Jésus, et promettent de construire un sanctuaire en son honneur s’ils sont épargnés. Miraculeusement, à l’aube, la tempête s’est calmée et leur navire a atteint le rivage sans encombre. Fidèles à leur parole, ils érigèrent à cet endroit la première chapelle dédiée à Sainte-Anne. Depuis, de nombreux miracles sont attribués à ce lieu sacré.

 

La Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré en 2022 (© La Généalogiste franco-canadienne)

 

René, Anne et leur famille ont été témoins de ces miracles. En 1662, Esther, la mère d’Anne, est guérie d’une maladie débilitante.  

 

Marie Esther, « estant demeurée depuis dix huit mois, toute courbée, en sorte qu’elle ne pouvoit aucunement se redresser, et qu’elle estoit obligée de se traisner comme elle pouvoit auec son baston, sans espérance de pouvoir Jamais recouvrer par les remèdes humains sa santé ; se souvint de ce que son mary luy avoit dit qu’en sa présence, Louis Guymond, de la mesme Paroisse, avoit esté soudainement guéri d’une grande douleur de reins, en mettant par devotion trois pierres aux fondements de l’Eglise de sainte Anne, que l’on commençoit de bastir. Alors elle reclama la Sainte, la priant de faire sur elle un miracle comme elle avoit fait sur cet homme ; à mesme temps, s’oubliant de son baston qui disparut, elle se trouva sur ses pieds toute droite, marchant avec autant de facilité qu’elle eut iamais fait. » Les Relations des Jésuites concluent que « ce miracle a beaucoup serai à confirmer dans la foy toute cette famille qui avoit long-temps vescu dans la religion prétendue reformée. »

 
 

Deux ans plus tard, le père d’Anne, Élie, aurait été miraculeusement guéri de l’hydropisie. En l’absence de traitement médical pour cette maladie, le prêtre de Sainte-Anne lui conseille de prier la bienheureuse sainte Anne. Lors de sa prochaine communion, Élie aurait déclaré au prêtre :  

 

« Monsieur, je suis guéri, permettez moy de me lever ; pendant que vous estiez à l’Eglise, comme je disois mon Chapelet, je me suis doucement endormy, et j’ay veu pendant mon sommeil, deux venerables Dames qui se sont approchées de moy, et dont l’une tenoit en sa main une boëte qu’elle a ouverte, ou i'ay veu dedans un chemin fort long, et fort estroil, qui conduisoit au Ciel ; à cette veùe je me suis trouvé tout rempli de consolation, et tout soulagé de mon mal. »  

 
 

Aujourd’hui, la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré attire plus d’un million de visiteurs par année, certains pour s’émerveiller devant un lieu de culte magnifique et historique, tandis que d’autres y cherchent la guérison et le salut.

 

Un pilier à l’entrée de la basilique. Ces béquilles et cannes ont été laissées par des pèlerins, qui auraient été guéris par leur visite (© La Généalogiste franco-canadienne).

 
 

En 1666, René et Anne sont recensés en Nouvelle-France à Beaupré avec leurs trois enfants.

Recensement pour le ménage de René « de la Roy » en 1666 (Bibliothèque et Archives Canada)

Un an plus tard, un autre recensement est effectué. René et Anne vivent toujours dans la seigneurie de Beaupré avec leurs quatre enfants. René n’a défriché que quatre arpents de terre et ne possède aucun animal de ferme.

Recensement pour le ménage de René « de Lavoy » en 1667 (Bibliothèque et Archives Canada)

Entre 1662 et 1679, les registres paroissiaux indiquent que René effectue divers petits travaux à l’église Sainte-Anne-de-Beaupré en échange d’argent et d’articles ménagers, comme des chandelles. Il accumule plusieurs dettes et doit parfois rembourser ses créanciers par son travail manuel. Il semble qu’il ne soit pas en mesure de pratiquer l’agriculture au-delà de la simple subsistance et qu’il préfère se consacrer à divers travaux. Sur le plan financier, il peine à s’en sortir, et il est probable que la famille vive dans la pauvreté.  


Décès d’Anne Godin

Anne Godin décède à l’âge de 38 ans, le 26 février 1678, quarante jours après la naissance de son dernier enfant, Joseph. Elle est inhumée le lendemain dans le cimetière paroissial de Sainte-Anne à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Sépulture d’Anne Godin en 1678 (Généalogie Québec)

Le 24 août 1686, René vend une partie de sa terre dans la seigneurie de Beaupré à son gendre Pierre Allard pour 400 livres. Tonnelier de métier, Pierre a épousé Anne Lavoie trois ans plus tôt. La terre mesure un arpent et demi de front sur 30 ½ arpents de profondeur. En contrepartie, Pierre s’engage à nourrir, loger et entretenir son beau-père jusqu’à la fin de ses jours, ainsi qu’à prendre en charge son inhumation. Il doit également subvenir aux besoins de ses belles-sœurs, Marie et Brigitte, jusqu’à leur mariage.

Dernière page de la vente de 1686, avec la signature de René Lavoie (FamilySearch)


Décès de René Lavoie

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec Dall-E (janvier 2025)

René Lavoie décède à l’âge de 67 ans le 11 mars 1696. Son acte de sépulture indique qu’il est « mort subitement en chemin quil avait commencé de venir a La Ste messe dans lEglise de cette parroisse ». Il est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de La-Visitation-de-Notre-Dame à Château-Richer.

Sépulture de René Lavoie en 1696 (Généalogie Québec)


Héritage 

Plaque commémorative installée à Sainte-Anne-de-Beaupré par l'Association des familles Lavoie (© La Généalogiste franco-canadienne)

Aujourd’hui, les descendants de René Lavoie et d’Anne Godin se retrouvent à travers le Québec, le Canada et les États-Unis, portant une variété de noms de famille, dont De Lavoye, Delouvois, Lauvway, Lavair, Lavia, Lavitt, Lavoice, La Voiere, Lavois, La Voise, Lavoire, Lavoix, Lavore, Lavoy, Lavoye, Levoy, Levoye, et bien d’autres encore. Selon l’Institut de la statistique du Québec, Lavoie était le huitième nom de famille le plus répandu au Québec en 2006.

 
 

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Bibliographie :